EXCLUSIF – La députée européenne Marion Maréchal
annonce la création de son parti : Identité Libertés.
LE FIGARO. – Vous avez annoncé en début de semaine dernière une initiative politique. Est-ce que vous créez votre propre parti ?
MARION MARÉCHAL. – J’ai décidé de lancer un mouvement politique pour contribuer à la victoire du camp national. Mon objectif est de travailler à une coalition structurée aux côtés de Marine Le Pen, de Jordan Bardella, d’Éric Ciotti. Chacun avec ses spécificités, sur le modèle qui a permis la victoire de nos idées dans d’autres pays européens. Dans cette coalition, je veux porter la voix d’une droite civilisationnelle qui soit à la fois antiwoke, antiassistanat et antiracket fiscal en rompant avec le « socialisme mental » qui guide depuis trop longtemps les comptes publics. Pour convaincre un maximum de Français, nous serons plus forts à trois qu’à deux. Et la Bretonne que je suis vous dit qu’un trimaran est plus rapide qu’un catamaran, surtout quand on a le vent de face !
Soutiendrez-vous Marine Le Pen à l’élection présidentielle ?
Ce sont les Français qui nous disent que le RN doit être le coeur de cette coalition en l’ayant placé comme premier parti de France. Il est donc logique que ce soit Marine Le Pen la candidate légitime du camp national. C’est pourquoi je la soutiendrai et travaillerai à construire avec elle une majorité à l’Assemblée nationale dans laquelle soit représentée la droite civilisationnelle que je porte.
Comment ce mouvement s’appellera-t-il ?
Il s’appellera « Identité-Libertés » (IDL), deux grands marqueurs de notre combat. La défense de notre identité, avec la réduction drastique de l’immigration, le refus de l’islamisation ou encore l’affirmation de notre héritage chrétien. La défense des libertés, pas une liberté abstraite et individualiste telle que la gauche la proclame, mais celle des libertés concrètes de plus en plus menacées. Je parle là de la liberté de conscience et de la liberté d’expression, des libertés économiques, de la liberté scolaire, en assumant de défendre une plus grande place accordée au privé à côté du public. Ce sujet est central, alors qu’on assiste à une offensive contre l’enseignement privé catholique.
Pourquoi créer ce mouvement politique maintenant ?
Parce que la situation est dramatique : la France est asphyxiée par la dette ; le communautarisme fracture tout le territoire, l’islamisme menace toujours ; chaque jour, nous découvrons le prénom d’une nouvelle victime du laxisme judiciaire. Et parce que nous devons préparer dès maintenant la victoire de demain. Malgré l’indéniable progrès en termes de voix, le camp national n’a pas réussi à rassembler assez de Français. Il faut faire mieux et travailler avec toutes les forces utiles, jusqu’à Nicolas Dupont-Aignan. Il faut combler les manques, convaincre les Français encore réticents. C’est ce que je souhaite faire en continuant de porter la voix de ceux qui m’ont fait confiance aux européennes et aspirent à l’union, mais aussi la voix des orphelins de droite, comme ceux qui ont cru en Philippe de Villiers ou François Fillon. Marion Maréchal : « Mon objectif est de travailler à une coalition structurée aux côtés de Marine Le Pen, de Jordan Bardella, d’Éric Ciotti.
Pourquoi, selon vous, la coalition entre Marine Le Pen et Éric Ciotti n’a pas gagné ces législatives anticipées ?
Dans des dizaines de circonscriptions, il n’a manqué que quelques points, notamment les voix des Français plus urbains, plus âgés et plutôt retraités, en particulier dans l’ouest de la France. Il faut aller convaincre ces Français, de droite voire du centre droit, qui ont refusé de « faire barrage » en s’abstenant, mais qui, pour autant, n’ont pas franchi le pas. Avec IDL, je veux consacrer mon énergie à cette mission décisive. Notre pays a désespérément besoin d’une droite qui ne baisse pas les yeux devant la gauche.
Qui vous rejoint dans la création de ce mouvement ? Qui en sera le président ?
Je suis la présidente d’Identité-Libertés. Nous avons la chance de compter d’ores et déjà des parlementaires : les trois députés européens élus à mes côtés – Guillaume Peltier, Nicolas Bay et Laurence Trochu – et les trois députés élus aux législatives avec le soutien de la coalition d’union nationale, Thibaut Monnier, Anne Sicard et Eddy Casterman. Membres du groupe des Européens conservateurs et réformistes au Parlement européen, nous sommes les alliés officiels en France de plusieurs partis au pouvoir en Europe, dont Giorgia Meloni, présidente du Conseil italien. À Bruxelles, nous avons réussi à briser le « cordon sanitaire » par l’élection à plusieurs postes clés de membres de notre groupe. La délégation française que je dirige a obtenu plusieurs postes de vice-présidents. Cela nous permet d’avoir une influence sur les politiques menées. Je souhaite réussir en France ce que nous avons réussi en Europe en brisant ce « cordon sanitaire ». Je vais donc démarrer une tournée des régions, et initier la création de nos cercles locaux en vue des élections municipales.
Votre positionnement rappelle beaucoup celui d’Éric Zemmour et de Reconquête…
Mes convictions n’ont pas changé depuis que je suis rentrée en politique en 2012, mais ce qui me sépare aujourd’hui de Reconquête, c’est un désaccord politique. J’avais rejoint Éric Zemmour en 2022 sur la promesse de l’union des droites, position que je défendais déjà quand j’étais au Front national. Mais durant les européennes, la direction de Reconquête souhaitait faire de Jordan Bardella notre principal adversaire quand je souhaitais m’attaquer d’abord à la gauche. Cette promesse d’union a été définitivement reniée quand ils ont fait le choix de présenter un maximum de candidats face à la coalition RN-Ciotti. Pour rester cohérente, je ne pouvais pas suivre cette décision. J’ai donc fait le choix de soutenir l’union entre le RN et Éric Ciotti. Plus de 1 million de Français, soit 82 % des électeurs qui ont voté pour ma liste aux élections européennes, ont suivi ma démarche en votant pour cette union. Avec une grande partie des cadres de Reconquête, nous avons dit qu’il était irresponsable d’affaiblir le camp national alors que le Nouveau Front populaire pouvait l’emporter. En guise de réponse, nous avons tous été exclus par la direction et une campagne de diffamation a été lancée contre moi. Je reconnais volontiers tout ce qu’Éric Zemmour a apporté dans le débat public, mais cette posture l’a enfermé dans une impasse politique contre-productive pour notre pays.
Une question importante va être soulevée par le RN à l’Assemblée nationale dans quelques jours : l’abrogation de la réforme des retraites. Faut-il la voter, selon vous ?
Ma position personnelle ne vous surprendra pas : j’ai soutenu un allongement de l’âge légal, je souhaite une réforme du régime de la fonction publique et je considère qu’il faut ouvrir une part de capitalisation. Il faudra voir exactement comment ce texte évolue, comment il est amendé. Le but étant évidemment, toujours, de travailler en bonne intelligence.
Comment jugez-vous les premiers pas de Michel Barnier ?
Son discours de politique générale était à l’image de son parcours politique, sans rupture et sans audace. Un discours de consensus dans lequel il a distribué des croquettes à tout le monde dans l’espoir que son gouvernement puisse tenir le plus longtemps possible. C’est un gouvernement provisoire dont la longévité sera probablement aussi réduite que les marges de manoeuvre. Permettez-moi de ne pas réussir à m’enthousiasmer. Espérons qu’il s’attelle au moins à soigner la grave crise démocratique dans laquelle nous sommes, en initiant une réforme pour la proportionnelle ou, ce qui a ma préférence, un scrutin uninominal à un tour, pour que le nombre de députés corresponde davantage au poids électoral réel de chaque camp.
Le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a provoqué une polémique en affirmant que l’État de droit n’était pas « sacré ». Êtes-vous d’accord avec lui ?
Quand l’État de droit devient le droit de voir sa fille se faire violer et tuer par un clandestin sous OQTF alors oui, il doit évoluer de toute urgence. Nous sommes face à un « coup d’État de droit » : la gauche perd politiquement dans les urnes mais maintient son pouvoir juridiquement par les tribunaux. Le Conseil constitutionnel censure massivement une loi sur l’immigration, son président nous interdit un référendum sur le
sujet, le Conseil d’État nous oblige à accorder l’asile à un Algérien qui a agressé sexuellement un mineur… L’État de droit échappe à la souveraineté du peuple pour devenir un outil idéologique manipulé par des jurisprudences interprétatives. Il faut revenir au bon sens, l’État ne doit bien sûr pas outrepasser le droit mais le droit doit permettre à l’État d’assurer ses missions fondamentales, dont la première est de garantir la sécurité des personnes. Le chemin est long : Bruno Retailleau a déjà reculé, sous la pression. Notre pays a désespérément besoin d’une droite qui ne baisse pas les yeux devant la gauche. Nous serons cette droite avec l’aide de tous les Français qui désirent nous rejoindre.